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L'évolution du cours de Verity Inc. a illustré, une fois encore, le rapport
passionnel qu'entretiennent les investisseurs avec les valeurs liées au monde Internet.
Verity, développeur de logiciels et spécialiste des moteurs de recherche, a en effet vu
le cours de son action progresser de 16 % vendredi dernier, à 18 3/8. Ce niveau
représente trois fois le cours moyen quotidien des trois derniers mois.
Les marchés anticipent l'avenir, dit-on. C'est pourquoi les mouvements de cours d'un
titre peuvent sembler être en contradiction avec l'actualité de l'entreprise. Verity a
été boudée par les investisseurs pendant un trimestre, après l'annonce d'un chiffre
d'affaires de 8,8 millions de dollars tandis que les analystes de Wall Street tablaient
sur 10 à 10,5 millions. L'action avait plongé de 24 à 10 dollars... Mais le
développeur renverse la vapeur : pour le deuxième trimestre (au 30 novembre), Verity
anticipe un chiffre d'affaires de 7,2 millions de dollars, en hausse de 64 % par rapport
à la période correspondante de 1995. Le bénéfice net, qui sera annoncé le 17
décembre, devrait atteindre 200.000 dollars, soit 2 cents par action, contre une perte
nette de 338.000 dollars l'an dernier. Les analystes tablaient sur une perte nette par
action de 6 cents pour le deuxième trimestre. Résultat, le titre s'envole aussi vite
qu'il avait plongé. Ce qu'un analyste explique par une phrase laconique : <<
L'enthousiasme des consommateurs semble être de retour. >>
Moteurs de recherche perdus
Verity est sans doute promis à un bel avenir qui
accompagnera le développement du nombre d'intranets. Les entreprises américaines
multiplient ce type d'infrastructure informatique et ont besoin de moteurs de recherche
puissants capables de hiérarchiser et de renvoyer les informations contenues dans les
serveurs web. De même, certains estiment que Verity devrait, comme beaucoup d'autres
entreprises spécialisées dans les nouvelles technologies de l'information, bénéficier
de l'explosion du World Wide Web. Chaque nouveau serveur sur le Web ayant rapidement
besoin de sa propre plate-forme d'indexation.
On peut raisonnablement espérer que les moteurs de recherche destinés à une utilisation
interne pour un serveur web donné continuent d'avoir une certaine pertinence, et c'est
sans doute ce qui motive les analystes. En revanche, les moteurs comme Alta Vista, Yahoo
! et autres Open Text perdent peu à peu de leur
précision et intérêt. En effet, le développement du World Wide Web est bien trop
rapide pour que ces moteurs puissent être pertinents au jour le jour. Il faut
généralement entre deux jours et cinq semaines pour qu'une adresse (URL) soit entrée
dans la base. Par la suite, le robot qui vérifie que cette adresse est encore valide et
enregistre le contenu de la page repasse généralement une fois par mois.
Il devient dès lors difficile de suivre la vie des serveurs qui changent de << une
>> tous les jours. Pire encore, la plupart des nouveaux sites qui apparaissent
actuellement contiennent des pages web virtuelles. En ce sens qu'elles sont générées à
la volée. La page contenant le cours d'une entreprise qui est renvoyée par le serveur du
Nasdaq lorsque l'on clique sur le nom d'une société n'existe pas. Elle est le fruit de
l'interrogation d'une base de données. Ces pages ne sont donc pas archivées par les
moteurs de recherche. Et quand bien même Alta Vista ou Yahoo ! souhaiteraient conserver
l'ensemble des pages présentes sur le World Wide Web, ils ne le pourraient pas.
Les capacités de mémoire nécessaires ne sont pas à la portée d'une entreprise. Alta
Vista conserve actuellement environ 30 millions de pages trouvées sur 275.600 serveurs
web. Si l'on voulait archiver tout ce qui existe, nous devrions être cent fois plus
grands, avoue-t-on chez Alta Vista.
Espérons que les cours de Yahoo ! ou Open Text sur le
Nasdaq ne s'effondreront pas un peu plus à mesure que les analystes de Wall Street
prendront conscience de ce problème. Car ce serait, pour les investisseurs, faire preuve
de courte vue. En effet, quelle que soit la capacité pour un moteur de recherche de
suivre l'actualité des serveurs web, il faudra toujours passer par eux pour faire un tri
initial dans l'énorme base de données que représente Internet.
Kitetoa
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