On nous prend (toujours) pour des cons
Ca ne grandit pas la démocratie, ça tire le débat vers le bas... Que n'a-t-on entendu de la part de Ségolènhe Royal ou de Nicolas Sarkozy à propos des articles du Canard Enchaîné sur leur patrimoine et les petits arrangements qui vont avec... Comme le notent de nombreux commentateurs, dans n'importe quel autre pays, ils auraient présenté de plates excuses et auraient même peut-être renoncé à rechercher la confiance du peuple. On connaît un président américain qui a failli être démis pour une fellation et des jeux érotique avec ses cigares... Chez nous, les candidats s'offusquent. Ca tire le débat vers le bas. Il ne leur vient pas à l'esprit que ce qui tire le débat vers le bas, ce qui plombe la démocratie, outre la vacuitude de leurs discours, ce ne sont pas les articles du Canard (que le reste de la presse, participant au débat démocratique, se fait un plaisir de ne pas relayer) mais leurs petits arrangements, justement?
Bis
Ca va pas. La France n'est plus que l'ombre d'elle même. L'économie fout le camp et nous allons périr d'avoir voulu ces foutues 35 heures. Ne parlons pas de notre peu d'intérêt pour le travail qui devrait pourtant nous épanouir. "J'observe que les Français sont parmi les habitants du G7 les moins motivés au travail. C'est incroyable!", affirme ainsi l'économiste Edmund Phelps, prix Nobel 2006 dans Les Echos. Incroyable. C'est le mot. Il y en a même qui se suicident: 3 chez Renault et 3 chez EDF (pour les plus médiatisés). Salauds... Ils plombent notre économie et notre image à l'international. Nos candidats le martèlent, l'économie va mal, c'est le résultat de 30 ans (pourquoi 30 ans, mystère, mais ils s'accordent tous sur ce chiffre) de politiques erronées. Ceci dit, les entreprises du CAC 40 ont réalisé un bénéfice record (historique s'il vous plaît, et une hausse de 10% sur un an) de 100 milliards d'euros. Par ailleurs, selon le classement 2007 du magazine Forbes, le cercle de milliardaires en dollars a cru de 153 nouveaux membres contre 102 seulement l'année précédente. Le montant cumulé de ces 946 fortunes atteint le record absolu de 3.500 milliards de dollars (+35%). Une paille. On pourrait se dire que dans une économie aussi pourrie que la nôtre, il n'y a pas de milliardaires. Et bien si. Quinze tout de même. Et le 7ème au classement mondial est français. Cocorico. C'est Bernard Arnault.
Ter
Vous savez quoi? sonnez trompettes, le candidat à l'Elysée Nicolas Sarkozy et le ministre des Affaires sociales Jean-Louis Borloo se sont engagés "sur le plein-emploi". Figurez-vous qu'"il faut que plus personne ne passe par la case chômage", selon notre bon ex-ministre de l'Intérieur. Mais voyez-vous, le plein-emploi, c'est, paraît-il, la réduction du chômage à 5% à la fin de son quinquennat. Vu comme ça, on se dit qu'on nous prend pour des cons. 5% de chômeurs et on appelle ça le plein-emploi? Ben oui, nous expliquent nos hommes politiques comiques d'un jour (...comiques toujours): 5%, c'est grosso merdo le taux de chômage incompressible. Voyez-vous, bande d'ignares, le plein-emploi, c'est quand l'économie tourne à plein, au point que lorsque vous cherchez un travail, vous en trouvez. et Voooaaaalaaaa. Ayé, plein emploi. Quoi?, Qu'est-ce que vous dites? Je ne vous entends pas. Désolé. Quoi? Vous dites? Quoi ces 5%? Z'êtes pas contents avec votre plein emploi? Vous n'êtes donc pas seulement cons, vous êtes chiants aussi...
Ben oui, il en reste 5% sur le carreau. Et les autres? Vous allez me traiter de défaitiste anarcho-gauchiste, mais, si tant est que l'on souhaite fermer les yeux sur les 5% en question, ce plein-emploi, encore faut-il l'obtenir sans que les 3 ou 4% de chômeurs qui vont « disparaître », ne se transforment simplement en SDF ou même, en personnes particulièrement pauvres (parce que c'est un peu plus compliqué que ce que l'on veut bien nous dire, c'est aussi une question de croissance, de taux de production, de taux de natalité, d'environnement économique international, bref, des trucs incontrôlables).
Moralité: en règle générale, on nous prend pour des cons, mais en période électorale, on entre, à leurs yeux, dans la plus belle connitude imaginable (ou pas).
