Pourvu qu'elle n'ait rien entendu |
|
Radio Classique,
mardi matin. "En Iran, une actrice de films pornographiques a été condamnée à
être lapidée pour..." ZAP ! France Info. "une telle condamnation n'avait pas
été prononcée en Iran depuis 1987. Les hommes sont enterrés jusqu'à la taille, et
peuvent s'échapper, alors que les femmes, elles, sont prises jusqu'à la poitrine..."
ZAP ! RTL2, le petit trou du cul à la voie enjouée chargé de réveiller les masses
françaises abruties de sommeil et de spots météo, termine une tirade similaire par
"bonne journée, bon courage". Il en faut, du courage, pour sortir de telles infos dès le matin au réveil. Planté là, en t-shirt, au milieu de la cuisine, pieds nus sur les dalles de plastique rouge et grise, ma tasse de café à la main, tout défile très vite. Questions et réponses probables. Ont-ils les bras libres, pour se protéger un peu la tête ? Pourquoi les hommes ont-ils une chance de s'échapper, et pas les femmes? Combien sont-ils à jeter des pierres? Utilisent-ils des galets, de quelle taille sont les pierres ? Achèvent-ils la condamnée au bout d'un quart d'heure, ou s'agit-il vraiment d'un mise à mort, lente, lente... Pourvu qu'elle n'ait rien entendu. Cramponnée à ses espoirs, à ses instincts de survie, elle a dû espérer jusqu'à la dernière seconde que tout cela ne soit qu'un gigantesque farce, qu'on allait la sortir de là, lui dire que c'était pour rire. Jusqu'à ce qu'elle entende/voie partie la première pierre. Comment fait une femme pour ne pas devenir folle alors qu'elle arrive, cette première pierre. Où a-t-elle frappée, cette première pierre ? Le nez, les yeux, la bouche, les oreilles, les pommettes ? Première explosion de douleur, simple prélude à la pluie qui va s'abattre de partout. Alors, la peur panique, la colère, la terreur, la haine, les réflexes de recul avortés. Et toujours l'impossibilité de se défendre, de masquer son visage. PAK ! PAK ! PAK ! Trois de plus. Les lancent-ils à intervalle réguliers ? Marquent-ils des pauses pour mieux faire durer le supplice ? Est-ce qu'ils ont les yeux bandés, ou un sac sur la tête ? Y-a-t-il VRAIMENT sur Terre des bourreaux capable de faire CELA ? Involontairement, j'ai esquissé un geste pour me couvrir les yeux. Pourvu qu'elle n'ait rien entendu. Mon café a un sale goût de mort ce matin. Il fait beau, mais pas pour tout le monde. Pourvu qu'elle n'ait rien entendu. Prenant ce qui reste de mon courage à deux mains, je passe dans la chambre. D'elle, n'émerge des draps qu'une épaule, et ses cheveux. Son épaule. Est-ce qu'elle dort toujours ? Pourvu qu'elle n'ait rien entendu. Qu'elle n'ait pas entendu cela. Pas elle. Que je ne croise pas son regard. J'ai envie de la réveiller, de lui pleurer que je ne suis pas comme eux. Que je n'ai jamais pris un pierre, même pour chasser un oiseau. Que... Que moi aussi j'ai regardé la Guerre des Boutons. Que je l'ai lu. Que finalement, je n'ai rien trouvé à redire des lance-pierres. En Iran, il y a des Velrans qui n'ont pas quitté l'enfance, derrière leurs barbes de juges. Mais eux ne jouent pas. Ils tuent des femmes. Planqués derrière leurs "lois" dictées par un dieu qui n'existe pas.
|
Naviguer, lire.... Le Sommaire |
Communiquer... |
Les rubriques! |
Les rubriques! |
Les dossiers |
Malade mental... Qui est Jean-Paul Ney, Le texte de la condamnation |
Malade mental, bis repetita Jean-Paul Ney condamné Condamnation de Jean-Paul Ney |
D'autres choses... |
Rechercher... et sur le Net... |