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Michaael Moore versus Alain Minc: 1/0

Il y a comme ça de temps en temps des hasards du calendrier qui font plaisir. Ainsi, la commercialisation simultanée de deux livres. Le premier est de Michael Moore (Mike contre-attaque! Aux éditions La Découverte) et le second, d'Alain Minc (Epître à nos nouveaux maîtres chez Grasset). Le premier descend en flèche les Etats-Unis en pointant tous les défauts de ce pays tandis que l'autre s'attaque avec une violence inouïe à ceux qui sont, selon l'auteur, les responsables du déclin de notre belle société française.

Les deux livres se lisent assez vite bien qu'il ait fallu à votre dévoué serviteur un grand courage pour aller au bout du second.

Michael Moore est un auteur/journaliste/enquêteur/emmerdeur patenté américain. Il représente sans aucun doute ce que nous appellerions ici le type même de l'intellectuel de gauche. Attaché aux faits, il confronte les responsables d'entreprises à la réalité. La vraie réalité, pas celle des communiqués de presse dégoulinant de discours marketing à 0,5 euros. Ces confrontations font mal... Il s'est fait connaître avec son reportage Roger and Me puis, avec le « film » The Big One et plus récemment Bowling for Columbine. Mais c'est aussi un réalisateur d'émissions de TV ou un journaliste de presse écrite. Mike contre-attaque! Est truffé de chiffres qui laissent pantois. « Depuis 1979, les 1% d'Américains les plus riches ont vu leurs revenus augmenter de 157%; quant à ceux d'entre vous qui appartienennt aux 20% les plus pauvres, vous gagnez 100 dollars de moins par an (compte tenu de l'inflation) qu'au début du premier mandat de Ronald Reagan »... Son analyse du paysage économique et financier (cf par exemple p 89 et suivantes) ainsi que le style d'écriture rappellent (dans un genre un peu différent) les livres de Bernard Maris, alias Oncle Bernard dans Charlie Hebdo. Le titre original du bouquin: « Stupid white men » est intéressant. Car michael Moore, comme toujours, prend la défense de minorités et fustige les bons discours lénifiant de la minorité dirigeante.

>De son côté, Alain Minc, président très médiatique du Conseil de surveillance du journal Le Monde, estime que les minorités ont gagné. Qu'elles imposent à la société leurs idées, face à une démission intellectuelle des élites traditionnelles. Alain Minc est très énervé. Il s'en prend successivement aux féministes, aux gays, aux communautaristes, aux ONG, aux névrosés de l'anti-américanisme, aux fans de la transparence, aux néo-populistes et, bien entendu, pour faire bonne mesure (1/5 du livre), aux élites traditionnelles. Ce n'est pas tant le style qui rebute le lecteur que je suis que la mauvaise foi patente de l'auteur. Il a des idées qu'il défend avec véhémence alors qu'il a parfaitement conscience que ces idées sont bonnes pour lui mais mauvaises pour l'ensemble de la population. Un peu comme ces dirigeants d'entreprises pointés du doigt par Michael Moore et qui dégagent des profits et/ou une plus-value boursière sur la base de leurs plans de licenciements massifs, ce qui leur permet de s'octroyer des hausses de revenus substantielles. Il n'est pas évident que l'accueil du livre ait été le même si l'auteur s'en était pris aux Juifs, aux Arabes, aux pédés, etc. Remplacer un mot par un autre dans un contenu agressif permet d'en mesurer toute la portée potentielle... Les cibles choisies par Alain Minc ne sont pas bien différentes de celles du Front National, à l'exception des juifs. L'auteur fait souvent référence aux « races » (p. 24 et 42) tout en réfutant le mot ethnie. Or comme chacun ait, il n'y a qu'une race, la race humaine. Ne peut être raciste que celui qui croit à l'existence des races. Non?

Sans entrer dans le détail du livre, on peut se demander en quoi ces groupes font peur à l'auteur. A-t-il souffert de l'action de l'un de ces groupes? Les gays? Les féministes ont-ils/elles porté tort à l'immense co-patron du Monde? Il s'oppose si fermement à ce que ces groupes puissent devenir des contre-pouvoirs sans contre-pouvoirs pour les contrecarrer que l'on se demande si Alain Minc n'a pas un compte personnel à régler avec chacun de ces groupes. Combien de niveaux de contre-pouvoirs faudrait-il à Alain Minc pour qu'il accepte que ces groupes jouent un rôle dans notre société? A-t-il tant peur de l'affaiblissement du groupe auquel il se rattache (les élites dirigeantes traditionnelles) qu'il soit nécessaire d'effrayer le bon peuple avec tant de sous-entendus méprisants?

Si Michael Moore aime les chiffres et les faits aussi concrets que précis, Alain Minc aime, dans son livre, procéder par sous-entendus. Il souligne page 70 que les homosexuels ont frôlé le révisionnisme au moment de l'épidémie de sida (on ne saura pas en quoi) ou, page 65, qu'ils ont des « pratiques communautaires, assortie de de comportements de pouvoir dignes d'une confrérie franc-maçonne ». Pif sur la tronche des gays, boum sur le pif des franc-maçons... Pratique la baffe à double effet kiss cool, non? La Gay Pride devient un « instrument de puissance », mais l'on ne saura jamais à quoi sert cette puissance... Les chômeurs sont également par sous-entendu, des gens qui ne veulent pas travailler (p.98). A bien y regarder, Mnic est un insurgé permanent. Il regarde notre société, vilainement abandonnée par les élites traditionnelles à des groupes de pression, qui en un autre temps auraient été qualifiés de hippies, avec effroi. Il s'insurge que le Commissaire européen au Commerce Pascal Lamy « considère comme une exigence de sa fonction » le dialogue avec les ONG. Il s'insurge que Sciences-Po mette en place des processus de recrutement à destination des élèves de quartiers défavorisés. Il s'insurge contre les « flèches décrochées contre Michel Camdessus, l'ancien directeur du FMI » qui a pourtant « toujours été obsédé par les difficultés du Tiers-Monde ». Comme l'auteur probablement. Il faut dire que parmi la « cohorte » des antimondialistes, Alain Minc voit « une multitude de communistes repentis, de guevaristes embourgeoisés, de maoïstes amnésiques, de trotskistes en mal de reconversion ». De quoi faire peur à Mme Michu... Ce qui étonne, au delà de l'allergie évidente à tout ce qui symbolise la gauche et l'extrême gauche (y compris les trotskistes, visiblement), c'est la considération qu'Alain Minc porte aux journalistes. Une petite baffe pour les espèces de prétentieux que sont les gratte-papier (p. 197, 207 et 208) d'un côté, un gros bourre-pif à ceux qui ont déclenché la médiatisation de l'affaire Le Bras (accusé de harcellement sexuel). Or si l'on en croit la Face caché du Monde, le livre de Pierre Péan et de Philippe Cohen, ce serait justement Le Monde qui l'aurait déclenchée... La schizophrénie le gagne peut-être parfois?

Terminons sur une note optimiste avec Michael Moore lorsqu'il parle des femmes: « Elles ont continué à engendrer la vie; nous avons continué à la détruire chaque fois que c'était en notre pouvoir. [...] Et combien de femmes répandent du pétrole dans les océans ou des toxines dans nos aliments? C'est une femme, peut-être, qui encourage la construction de 4x4 de plus en plus gros et de plus en plus gourmands? ».

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