[Kitetoa, les pizzaïolos du Ouèb

UMTS: tout le monde il y croit... et tout le monde il est gentil

Une petite compil' de ce qui a pu se raconter en matière d'UMTS sur à peine trois semaines. Sur les maigres épaules de cette "technologie" repose les "stratégies" de développement de beaucoup de grosses  boîtes, des opérateurs aux constructeurs, en passant par les fournisseurs de contenu. Par souci de clarté, nous avons éliminé les déclarations de bonnes intentions de sociétés réalisant moins de 10 milliards de francs de CA annuel. Il en reste tout de même un paquet.

A tout seigneur, tout honneur. Jean-Michel Hubert, président de l'Autorité de régulation des télécoms (ART) déclarait fin novembre, sans rire, qu'il était "raisonnable" qu'il y ait "au moins quatre candidats" pour les quatre licences françaises. Pas mal. Au moins, cela dispensera la France de passer (une fois de plus?) pour une nation franchement très bête, à l'image de la Suisse et de l'Italie (voir plus bas). Il est vrai que le retrait de Deutsche Telekom, annoncé le 22 novembre, a fait désordre.

Ce serait effectivement l'horreur si on mettait en vente des licence, associées à des ressources dites "rares" et qu'il n'y ait pas au moins un candidat par licence. Parce que si ce n'est pas le cas, la somme, proprement astronomique, demandée par l'Etat, n'a plus de raison d'être. Etant donné que c'est la rareté qui fait le prix des choses, à ce que je me suis laissé dire. Si personne n'en veut, ça ne vaut plus rien, CQFD.

Petit bémol tout de même, M. Hubert a prévenu qu'il pourrait décider "de ne pas attribuer les licences s'ils (les candidats) ne sont pas assez nombreux". Rôô! Les méchants opérateurs qui n'ont pas envie d'engloutir des milliards dans des licences. Les coquins! Tiens! Foutons-leur un peu la trouille. N'empêche qu'aujourd'hui, on ne se bouscule pas au portillon, ce qui empêchera du même coup l'ART d'être trop regardante sur certains critères, comme la couverture prévue (bonjour la réduction de la "fracture" numérique).

Pauvre ART, prise encore une fois entre son "devoir" envers l'Etat (ramener une maximum de brouzoufs), et ses "obligations" envers ce même Etat, à savoir contraindre les opérateurs à proposer un service décent. C'est qu'à Bercy des têtes vont tomber si Fafa, not' bien aimé Chef du Pognon, ne ramasse pas quatre fois 32,5 milliards au moment de l'attribution des fréquences. On déconne pas avec les soos de Fafa.

Même la Banque de France s'y est mise, dans l'éditorial de son bulletin n°84, en faisant remarquer de manière très explicite la nécessité "pour les prêteurs, de veiller à la qualité des signatures de leurs emprunteurs et de maintenir une politique modérée d'engagement. La Banque de France et la Commission bancaire suivent ce secteur avec une attention particulière, en coopération avec les autorités de supervision étrangère". Comme elle le rappelle, des interrogations "ont récemment été émises par certains analystes, ce qui a affecté la notation de long terme". Cette vénérable institution en rajoute une couche en signalant qu'il serait "souhaitable que les encours globaux de crédits des établissements français au secteur des télécommunications demeurent proportionnés au poids de ce secteur dans l'économie française et internationale". Bref, faisez gaffe, c'est pas tout cuit. Comme le chantait Siouxie et ses Banshees: "Fear, fear, fear of the unknown".

A l'ART, on a dû suivre fébrilement le 6 décembre le déroulement des opérations en Suisse. Quelle douche! Forcément, quand il y a quatre candidats pour quatre licences, les enchères, c'est pas ce qui se fait de mieux ! Ils sont partis à neuf, avant de finir à quatre. Plus de 50% de pertes, ça fait mal, même à l'armée. Conséquence immédiate: les chères licences ont été attribuées à leur prix minimum. Orange (le bidulmobil racheté par France Télécom il y a quelques mois) a juste remis 5 millions de francs suisses a panier pour avoir celle qu'il voulait. Le gouvernement helvétique a dû se contenter de 205 millions de CHF, au lieu des 2 milliards prévus! Comme quoi, il ne faut pas être trop gourmant. Genre de claque. Ils auraient dû se méfier, le Suisses.

Ne parlons même pas de l'Italie, avec l'épisode Blu, qui s'est vu confisquer sa mise de départ par le gouvernement parcequ'il voulait retirer ses billes. L'avait pas qu'à commencer, na!

Contre-exemple suédois

Leurs petits copains en Suède, eux, avaient décidé de céder leurs licences à vil prix. Peut-être ont-ils compris que pour faire décoller le ouèbe sur les mobiles, il ne fallait surtout pas commencer par plomber les comptes des opérateurs, dont peu son finalement bénéficiaires sur ce secteur d'activité (et se rattrapent sur le fixe). 11.500 euros la licence, c'est pour rien. Avec deux-trois potes un peu fortunés, il est possible de s'en offrir une. Même Messier aurait pu s'en payer une avec son argent de poche. Pour frimer en ville, c'est carrément plus top qu'un compte en Suisse. "J'ai décroché une licence uèmetéesse en Suède", c'est la maxi-éclate.

Blague à part, le ministère de Postes a fait une remarque très juste, à méditer absolument dans nos contrées: "nous avons fait le choix du consommateur. Car, au final, c'est lui qui aurait dû payer les sommes, probablement très importantes". Pas bêtes, les suédois. Comme quoi, on peut être l'un des plus petits pays d'Europe et donner l'exemple, loin de l'axe Paris-Berlin.

Car passé le moment d'euphorie, qui a sans doute atteint son point culminant avec le sitcom des enchères britanniques, le soufflé est retombé. Alors même que personne ne sait seulement ce que l'on va bien pouvoir faire circuler sur ce "truc".

PDG sous Zoprac...

D'où les déclarations "apaisantes" de tout un tas d'opérateurs, bizarrement unanimes quant à la date de rentabilisation de ce machin. "Quatre à six ans" revient de manière récurrente dans tous les discours. A croire qu'ils ont pris leurs renseignement auprès d'une seule source d'information (toujours dangereux, ça, n'importe quel journaliste, même débutant, sait ça).

Ainsi, Luis Nada, le boss de Telefonica Moviles, a déclaré sans plaisanter: "nous pensons atteindre l'équilibre en quatre ans en Espagne, en cinq ans en France et en six ans en Allemagne". Ce qui fait que si on calcule bien, il espère être rentable seulement deux ans après le lancement du service en Espagne. Petite performance quand on sait ce que ça va lui coûter de mettre à niveau son réseau (voir plus bas ce que raconte Vodafone). Heureusement, les journalistes et les analystes oublient vite.

Michel Bon a tenu à peu près le même discours, sinon qu'il parle de quatre à sept ans, qualifiant cette estimation de "raisonnable". Il a raison, l'espoir fait vivre. "Nous croyons que la rentabilité viendra tout simplement parce que les usages viendront. Ces usages sont gigantesques", a-t-il assuré à Reuters. "Nous n'avons aucun doute là-dessus. Peut-être bien qu'on gagnera des milliards. Je l'espère, je le crois". Ouf! Il y en a au moins un en Europe!

Martin Bouygues, lui, n'y va pas par quatre chemin. Il est vrai que cette filiale du bétonneur et de Telecom Italia frise la misère. Pour faire autant de campagnes de publicité, faut-il qu'il soit dans la mouise. Revenant sur le prix des licences, qui lui arrachent le coeur, il a déclaré aux Echos que "la Commission européenne devrait intervenir d'urgence. Son silence donne l'impression qu'elle ignore le drame qui se joue et qui restera pour l'avenir une grave erreur". (http://fr.news.yahoo.com/001206/34/rnnp.html)

Pathétique. On en pleurerait.

Et d'en remettre une couche en jurant solennellement que le prix demandé pour une licence en France déstabiliserait "gravement les trois entreprises existantes [France Télécom, Bouygues Telecom et SFR-Cegetel] qui représentent directement et indirectement plusieurs dizaines de milliers de salariés". Ben voyons. Si en plus on peut jouer sur la corde (très sensible) des emplois, il ne faut pas s'en priver. Les opérateurs sont, tout le monde le sait, de grands philanthropes.

Chez Vodaphone, le grand chef, Chris Gent, est à peu près d'accord avec Michel Bon. Il parie sur quatre à sept ans, lui aussi. Belle solidarité dans l'adversité. Il pense pouvoir allouer une petite dizaine de milliards de livres pour mettre en place son réseau uèmetéesse et le commercialiser. Rien que ça. Va falloir en cracher, de la facture, pour rentabiliser tout ça. Et ce, sans compter les ce que vont lui coûter les licences. Une paille, quelques milliards de plus.

Preuve que les "analystes" n'y croient plus, l'annonce de l'alliance entre Suez-Lyonnaise et le groupe Arnault (encore lui) n'a pas fait frémir grand monde. "Cela a un certain sens pour Suez Lyonnaise d'investir dans des contenus internet pour alimenter sa licence UMTS, sa boucle locale radio et son câble", déclare John Honoré, analyste chez CDC Bourse. "Le problème est que l'on sait peu de choses sur Europ@web, à part Zebank, Liberty Surf et eLuxury, les trois marques emblématiques qui sont exclues de l'accord. Et l'on voit mal ce que la holding personnelle d'un groupe de luxe va apporter à ST3G", a-t-il confié à Reuters. (http://fr.biz.yahoo.com/001120/2/qvdb.html)

Moyennant l'injection de 300 millions d'euros dans Europ@web, le groupe Arnault a pris 10% de la société ST3G, candidate à une licence UMTS, que Suez détient à 60%. Bonne chance, les gars, vous allez en avoir besoin.

Et les constructeurs dans tout ça?

A part, ça, sur le front des constructeurs, Ericsson a avoué vouloir "gagner des parts de marché" sur l'UMTS. Holà. Du calme, gars, y'a rien de fait, pour l'instant. T'emballe pas. Et puis c'est le meilleur moyen, de nos jours, de perdre un paquet de brouzoufs en bourse, de prononcer les motes "UMTS" et ".com". Pas fou, cependant, Ericsson les prépare phychologiquement: faire grimper les ventes au début (donc perdre un maximum de brouzoufs), puis ferrer le poissons vers 2003-2004, quand le système "commencera à être vendu en volumes importants", dixit Reuters.

Pas d'inquiétude, tout de même, puisque le constructeur "tenterait de compenser ses faibles marges initiales sur la téléphonie de troisième génération par la vente d'autres systèmes tels que le GSM". Ouf! on respire. Moi qui commençais à tendre la main vers ma souris pour fourguer toutes mes actions Ericsson !

Ericsson n'est pas seul. la Sagem, elle aussi, y va de son petit couplet: "on voit un ralentissement dans le marché GSM global avec quelques marchés qui atteignent une saturation, mais on va bientôt voir un marché de troisième génération haut de gamme qui sera très dynamique. C'est un marché dont la croissance restera forte sur plusieurs années en terme de chiffre d'affaires et de marge". Ah! encore un qui doit dépenser des fortunes en boules de cristal et en marc de café. Il a des actions chez Lavazza? Notons au passage que le marché du GSM est passé par l'estampilleur automatique, étant affublé du rassurant épithète "global", qui, rappelons-le, n'est PAS une insulte, pas du tout.

Ça n'a pas empêché l'action Sagem de plonger d'un "petit" 33% fin novembre, à l'annonce de résultats étals par rapport à 1999 (28 milliards de francs tout de même). Du coup, la capitalisation boursière en a pris un coup, perdant en quelques heures près de 2 milliards de francs (une paille, chiche que je fais mieux avec ma start-up de vente en ligne de boutons de manchettes, valorisée à quarante-douze milliards de brouzoufs).

Poursuivant avec les voeux pieux, le boss de la Sagem, Pierre Faure, a déclaré très sérieusement que "l'internet mobile doit impérativement et nécessairement décoller à grande échelle en Europe parce que ce que l'on a vu au Japon montre qu'il y a un vrai marché pour les services mobile internet". Il défend quoi, là? Le ouèbmobil, ou ses stock-options? http://fr.news.yahoo.com/001124/2/r56p.html

Aah! On allait l'oublier, le Japon, avec son iMode. Brandi dans les salons comme référence ultime. Le Japon, sauveur du ouèbmobil. NTT est ses 12,6 millions d'abonnés (combien l'utilisent réellement?). Merci au passage au lecteur de Kitetoa qui a fait remarquer, à juste titre, que nous avions laissé de côté l'iMode dans notre papier sur le Wap, l'anti-phénix de l'Internet. M'enfin, le Japon, ça reste un peu loin.

Devant le triste constat du paysage uèmetéesse en Europe, il faut bien se raccrocher à quelque chose. Certains mentionnent le succès de l'envoi des messages SMS. Ouais. Faut voir. Parce que la question reste la même: qui va payer pour quoi? Les SMS restent hors de prix au regard de la bande passante qu'ils demandent. 1 F pour une centaine caractères, ça reste tout de même scandaleusement cher. Heureusement qu'avec les mail classiques, on n'atteint pas ces niveaux de nos jours. Quoique ce serait un bon moyen pour lutter sontre le spam. Enfin...

Les outsiders et autres grains de sable...

Et puis il reste les outsiders, les empêcheurs d'uèmetéesser en rond. Ceux qui signalent que les opérateurs ont gravement sous-estimé les coûts de remise à niveau de leurs infrastructures. Et ce chercheur finlandais, qui, lundi 11 décembre, indiquait au Times qu'il avait trouvé un moyen de se passer de licence UMTS ! http://fr.news.yahoo.com/001211/2/s1ef.html

Alors?

Alors c'était bien la peine de nous casser les pieds pendant six mois avec les licences si effectivement il n'y en a pas besoin. Bien sûr, cette info reste à vérifier, mais si elle est vraie, on se demande vraiment pourquoi les opérateurs paient si cher des techniciens qui n'ont apparemment pas vu la brêche. Si effectivement ce chercheur a obtenu l'assurance que la bande de 2,4 GHz qu'il souhaite utiliser est libre (c'est à dire pas encore squattée par les militaires), je connais des ART et des Oftel qui vont être obligés de bouffer leurs chapeaux.

Conseil Kitetoa à zéro balles: il est urgent d'attendre. Attendre que tout ce beau monde se soit mis d'accord. Parce que le feuilleton n'est pas fini.

On vous tient au courant. A notre manière...

Kitetoa

PS: tous les articles cités proviennent d'une seule source: la
rubrique "Actualités multimedia" de Yahoo.fr, reprenant diverses
sources: AFP, Reuters, Network News, etc.

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