Date de parution :7/11/1997

Commerce électronique : le brouillard se lève peu à peu

De nombreux commerçants, parfois de toute petite taille, n'attendent pas le jour où le chiffre d'affaire du commerce électronique sur Internet dépassera les 300 milliards de dollars pour se lancer sur le Web. Lorsque l'on se penche sur les prévisions de chiffres d'affaires publiés ici ou là, force est de constater que les augures ne sont pas du tout d'accord. De 220 à 327 milliards de dollars en l'an 2000 en passant par bien d'autres montants, le futur commerçant en ligne est en droit de se demander qui il doit croire. Ces variations ne l'aideront pas à dresser un business plan.

Reste que le marchand lambda ne se sent pas forcément concerné par ces projections de chiffre d'affaires à l'échelle mondiale.

Certains secteurs sont sans doute mieux placés que d'autres pour vendre sur Internet. Toutes les entreprises dont le secteur économique est, de près ou de loin, lié au réseau bénéficient bien entendu d'un fort avantage. Cisco, par exemple, le fabriquant des routeurs du même nom (*) estime que le chiffre d'affaires engendré par son serveur Web dépasse désormais le milliard de dollars par an. Bien entendu, il ne s'agit pas encore uniquement de transactions en ligne, mais de l'ensemble des ventes réalisées sur la base de ce canal de distribution. De la même façon qu'un catalogue papier, ou une vitrine dans la rue peuvent déclencher un acte d'achat, indépendamment du moyen de paiement. Ces ventes concernent leB to C comme le B to B.

Une récente étude menée par Morgan Stanley (M.S.) sur le commerce de détail en ligne - et disponible sur son serveur Web - tente de faire le tri des informations nécessaires pour se lancer. Morgan Stanley a confronté les avis de ses spécialistes dans le domaine des nouvelles technologies (NT) et du commerce de détail (CD). Ils ne sont pas d'accord sur tout, mais leurs points de divergence sont intéressants. Pour les spécialistes des NT, le fait d'être présent avant les autres sur le World Wide Web est un atout. En revanche, les spécialistes du commerce de détail estiment que l'accès à ce canal de distribution est tellement simple qu'être le premier ne constitue pas un avantage concurrentiel fort.

Pour des raisons diverses (coûts liés aux livraisons, technologies développées pour améliorer le service, etc.) les spécialistes des NT tablent sur des prix de vente comparables ou moins importants sur le Web, tandis que les spécialistes du CD misent sur des prix comparables ou plus élevés.

Parmi les secteurs les mieux placés pour le commerce électronique, Morgan Stanley identifie ceux de l'assurance, des services financiers, de l'informatique (hardware et software), du voyage, des livres, de la musique et de la vidéo, des fleurs, des cadeaux et enfin, de l'automobile. En clair, des entreprises comme E*Trade, Dell, Cisco, Amazon.com ou Auto-by-Tel sont bien parties pour bénéficier de l'explosion du commerce électronique au travers d'Internet. A l'opposé, les légumes, les jouets ou encore les meubles ne devraient pas profiter immédiatement du phénomène Internet.

Mais déjà, le chiffre d'affaires des ventes réalisées grâce à ce réseau a très nettement dépassé celui des ventes réalisées au travers du Minitel. La sécurité des échanges y est désormais plus importante. N'oublions pas qu'en 1995 Internet comptait environ9 millions d'utilisateurs contre35 millions aujourd'hui (selon les chiffres très prudents de Morgan Stanley). Les prévisions de Morgan Stanley sur le nombre d'utilisateurs (et donc de clients potentiels) sont de 150 millions de connectés en l'an 2000. Selon Network Wizards, cité par M.S., le nombre d'hôtes (un nom générique de serveur) a connu une progression mondiale de 233 % de janvier 1995 à janvier 1997.

KITETOA

(*) Les routeurs font office de " guide Michelin " du réseau. Il est par exemple impossible de relier un réseau informatique interne à Internet sans installer un routeur