Alcatel annonce des licenciements à la mesure de ses résultats: énormes...
Petite boite s'il en est, Alcatel annonce un résultat opérationnel du groupe en progression de 11 % (1 milliard d'euros) et un résultat net en hausse de 200 % (2,34 milliards d'euros). Dans le même temps, la dette financière nette du Groupe a été ramenée de 1,81 milliard d'euros en 1997 à 0,29 milliard d'euros en 1998, soit un ratio de dette nette sur capitaux propres de 3% comparé à 27% l'année précédente. Tout va donc pour le mieux me direz vous. Avec un tel paysage, on pourrait même imaginer que l'entreprise fasse une annonce sur le plan social. Il est vrai que de tels résultats sont sans aucun doute dus à la grande performance du président d'Alcatel, Serge Tchuruk, mais aussi sans doute un peu aux forces vives de l'entreprise, comme on dit.
Et bien en fait, sur le plan social, 10 % des effectifs (12.000 emplois) [afin que cela paraisse un peu plus concret, 12.000 personnes, c'est à peu près la taille d'une petite ville] seront supprimés d'ici deux ans, après déjà 25.700 suppressions de postes annoncés depuis 1996. Normal sans doute... En tous cas, Serge Tchuruk qui répondait aux journalistes d'une chaîne de télé a expliqué que ces licenciements n'étaient "pas choquants" puisque cela avait "commencé avant" l'annonce des résultats...
Alcatel a procédé à 770 licenciements en 1998.
Serge Tchuruk a expliqué que cette compression de personnel était nécessaire pour adapter "les structures de l'entreprise à une mutation profonde du métier que nous exerçons''. Elle représentera une économie de 300 millions d'euros par an en 1999 et 2000". Tu as raison Serge. D'ailleurs, tu devrais montrer l'exemple et annoncer que, désormais, tous les produits de réalisations de stock options par l'équipe de direction seront versés directement sur la trésorerie de l'entreprise. Un don...
Mais non, car, rapporte Libération, Serge fait tout cela pour atteindre un but précis: "Nous voulons déclencher dès 2000 notre programme de stock-options. Et cela n'est possible que si nous dégageons une rentabilité de 7 % ou plus dans les télécoms..." contre 4 % aujourd'hui. Ben voilà... Moi d'abord...
Mais bon, Serge a une explication, car comme vous le savez, "aucun patron ne licencie avec plaisir". Et Serge n'est pas avare d'un paradoxe: "Nous avons dû procéder à des contractions d'effectifs, tout en recrutant massivement'', a-t-il expliqué au cours de sa conférence de presse.
"Chaque fois que trois salariés quittent le groupe, un ou 1,5 nouveau, jeune, formé aux logiciels, l'intègre. Donc, nous sommes un des grands recruteurs, en France et ailleurs''.
Vous l'avez compris, Alcatel ne licencie pas, Alcatel embauche. C'est même l'un des plus grands recruteurs. CQFD.
Reste que les analystes et les investisseurs ne s'y sont pas trompés et sont étrangement resté sur la première impression: Alcatel licencie, se restructure et va faire de belles économies grâce à ces licenciements. Le titre Alcatel a donc progressé après cette série d'annonces.
D'ailleurs tout cela est fait pour satisfaire les actionnaires au détriment des salariés et c'est donc sans doute très bien dans l'esprit du président d'Alcatel. La preuve par la voix de Serge: "Je suis heureux que le Conseil ait renouvelé sa confiance dans le futur d'Alcatel en proposant une augmentation significative des dividendes versés à nos actionnaires".
Ben voyons. T'as combien d'actions Serge?