L'Atelier (BNP Paribas), c'est fini...
Dans le temps, avant qu'Internet ne déferle dans ce pays, il y avait au sous sol d'une banque, avenue Kléber, un professeur Nimbus qui auscultait « tout ça ». Les résaux, les serveurs, toutes ces nouvelles technologies. Il avait déjà convaincu la direction de sa banque, la Compagnie Bancaire qu'avec le Minitel, les banquiers allaient pouvoir gagner beaucoup d'argent. Depuis, ils se frottent les mains. Dans ce sous-sol, qui avait reçu le doux nom d'Atelier, le professeur Nimbus, épaulé par quelques petit jeunes avait monté un BBS. Avec ce type de serveurs, qui ont préfiguré le Web, on pouvait faire du chat, de la messagerie, une forme de FTP. C'était déjà très pointu. Pas bête, le professeur Nimbus s'est dit que s'il ouvrait sa cellule de veille technologique, l'Atelier, aux autres personnes travaillant dans ce domaine, il allait attirer à lui tous les projets. C'est ce qu'il fit en ouvrant le BBS à tout le monde. Bilan? Aucun grand projet Internet en France est né à l'extérieur de l'Atelier. Pourquoi le Net a-t-il explosé en France aussi vite? A cause de l'Atelier.
On peut dire ce que l'on veut du professeur Nimbus, de son vrai nom Jean-Michel Billaut, mais on ne peut pas lui retirer ça. La mise en réseau des gens qui ont construit une énorme partie du Web français.
Pourtant, l'Atelier est un de ces machins que les PDG exècrent. Dans un bilan, on ne lit que des dépenses. Comment justifier que les recherches dans un domaine et la mise en relation de deux clients de la banque pour qu'ils fassent du business ensemble rapporte, in fine, quelque chose à l'établissement?
Alors, lorsque la BNP a pris le contrôle de Paribas, après que celui-ci ait dévoré la Compagnie Bancaire, l'Atelier est devenu gênant. A double titre. Il coûtait de l'argent et il était un miroir au reflet insoutenable. Là où l'Atelier avait excellé, la BNP pataugeait avec des projets aussi lamentables que Cyber-COMM. Pour la petite histoire, je me souviens d'un rendez-vous en 1997 (ou 98) avec le nouveau responsable de la BNP pour le commerce électronique. J'ai passé environ une heure à lui expliquer SSL, le paiment par carte bancaire via le Net, etc. Il venait de prendre son poste et découvrait tout ça... avec moi. Sidérant.
La BNP a pris le contrôle de l'Atelier et va donner des missions à l'Atelier afin de le rendre rentable.
Bien vu. Tous les bénéfices non visibles de l'Atelier vont disparaître.
En attendant les bénéfices sonnants (depuis quand la BNP a-t-elle un bilan positif sur le Net?) le site de l'Atelier nouvelle version présente déjà quelques défauts. Quelques répertoires qui devraient ne pas être accessibles le sont. Vite, le manuel d'utilisation!
Le début de la fin?