Mon quinqennat est plus quinquennat que ton quinquennat!
Ce qui est gênant dans les approches qui sont faites de la durée du mandat présidentiel c'est qu'elles sont réduites à n'être la plupart du temps que les vecteurs d'appréciations plus ou moins pertinentes sur l'envie ou la lassitude que l'on a à voir tel ou tel, encore deux ans au pouvoir.
Et les commentateurs de porter au rang de débat constitutionnel ce type de préoccupations qui présente autant de profondeur que les dernières rumeurs de Cannes (et non les dernières rumeurs de connes, ce qui phonétiquement, je vous l'accorde, se ressemble assez).
Alors qu'en fait, le quinquennat ne présente d'intérêt que si l'on est décidé à en appliquer toute la logique. Et donc, à modifier la nature de notre système politique. Nous faisant ainsi passer d'un régime parlementaire à un régime présidentiel.
En effet, il est éminemment superficiel de résumer et de circonscrire le quinquennat à un simple raccourcissement de la durée du mandat présidentiel.
On s'est effectivement aperçu, à l'occasion des périodes de cohabitation, que la lettre de la Constitution pouvait s'écarter, au mépris de toute logique, de son esprit.
Dès lors, pour éviter le risque de cohabitation, il a pu être envisagé d'aligner sur la durée du mandat parlementaire celle du mandat présidentiel...qui deviendrait donc un quinquennat.
Mais, pour garantir l'efficacité de cette réforme, il convenait de l'accompagner de certains mécanismes permettant d'assurer la pérennité de cet alignement des mandats parlementaire et présidentiel.
Cela suppose donc que soit supprimé le droit de dissolution de l'Assemblée Nationale par le Président... et donc son corollaire, la mise en jeu de la responsabilité du Gouvernement par la Chambre basse.
Bref, on en arrive à passer d'un régime parlementaire (certes, parfois atypique), à un régime présidentiel.
Sinon, honnêtement, on ne voit pas bien d'intérêt au quinquennat.
Certains ont même imaginé de ramener la durée du mandat présidentiel à 6 ans: cela répond uniquement aux préoccupations de raccourcissement, sans pour autant risquer l'ambiguïté vis--à-vis d'un changement d'organisation politique. Mais ce serait vraiment une toute petite réforme... à la hauteur des objectifs escomptés.
Bref, en fait on s'en tape un peu de la durée du mandat présidentiel en tant que tel. Mais on ne peut imaginer que nos hommes politiques dûment éduqués en fac ou à l'ENA et si conseillés parlent avec une si courte vue du quinquennat.
Alors, on aimerait bien qu'ils cessent, soit de ne pas imaginer les conséquences logiques des réformes qu'ils évoquent (ce qui est affligeant), soit de de refuser d'en débattre ouvertement (ce qui est malhonnête).
Lire le deuxième papier de Kitetoa sur le quinquennat