Jacques Chirac et Jean-Claude Méry nous donnent une leçon de démocratie...
tout cela est très abracadabranteux...
Il s'est passé hier une chose très intéressante. Un mort a fait apparaître une cassette vidéo dans laquelle il dévoile son histoire. L'histoire d'un ramasseur de fonds pour les partis politiques. Il demandait aux entreprises de faire l'aumône aux partis. Rien de grave en somme... Elle le faisaient de bon coeur puisque sur sa demande, les montants récoltés sont passé en quelques temps de 300.000 francs par an à plus de 35 ou 40 millions... Alors quoi, hein, puisqu'elles étaient consentantes les entreprises, pourquoi ces salauds de journalistes viennent-ils chercher des poux dans la tête des politiques. Hein? Pourquoi?
Ce matin, les éditorialistes de tous bords et de tous supports de presse se déchaînent. Certains soutiennent le Président de la république, mis en cause par l'ancien financier occulte du parti dont Jacques Chirac a longtemps été le président... C'est le cas du Figaro qui crie au vilain règlement de compte politique et dénonce les basses oeuvres des journalistes du Monde qui se sont bien entendu rendus complices de ce complot... D'autres, comme l'Humanité, dénoncent le procédé et reprochent au Monde d'avoir publié une cassette dont le contenu est invérifiable puisque le principal intéressé, Jean-Claude Méry, est mort.
Ce qui est amusant, c'est qu'il semble que personne ne se pose les bonnes questions...
Il ne s'agit pas de savoir si ce qui est dit dans la cassette est vrai à 10%, 40%, 69%, 83% ou 99,9%.
Il ne s'agit pas non plus de savoir si oui ou non Jacques Chirac était présent dans le bureau de Michel Roussin lorsque Jean-Claude Méry aurait remis une valise contenant 5 millions de francs en billets (elle a quelle taille une valise qui renferme autant d'argent?).
Ni de savoir s'il fallait ou non en publier le contenu de cette cassette.
Ce contenu est une information comme une autre et mérite d'être portée à la connaîssance du public qui, encore une fois, est assez grand pour se faire une opinion.
L'éditorialiste de l'Humanité dénonce: "Quoi qu'il en soit, quels que soient les prolongements que la justice donnera à ce " dossier ", notre nation si ancienne, pétrie d'une histoire si riche, vient de connaître un épisode politique nauséabond et humiliant, pour tout son peuple. Si la politique n'est plus désormais qu'un exercice de jets de paquets de boue puisée dans de sombres officines, c'est la République elle-même, objet de tant de discours aujourd'hui, qui chancellera. Pour les communistes, la politique ne sera jamais ça !" Et bien quoi l'ami? La vérité, qu'elle soit LA vérité ou UNE vérité effraie-t-elle tant les camarades? Ou est-ce le fait que Jean-Claude Méry mette en cause le parti communiste qui a utilisé les mêmes méthodes de financement qui te gène? Allons... Et puis, où est passé l'esprit révolutionnaire des communistes s'ils craignent que la République chancelle? Si ses fondations, si ses acteurs sont pourris, il est bien normal qu'elle chancelle. Non? Et si elle doit tomber, qu'elle tombe. Ce ne sera pas la première fois. Un régime, comme toute chose, vieillit. Il faut parfois des changements radicaux pour repartir sur de nouvelles bases. Qu'avait donc fait De Gaulle avec sa Véme république?...
Revenons donc aux questions que l'on pourrait se poser face à la publication de ce document.
- Il est acquis que les partis politiques se sont financé sur le dos des entreprises via des marchés truqués. L'affaire Urba-Graco en est une bonne démonstration. Ce phénomène n'est ni limité à un seul parti, ni même à notre pays puisque en Allemagne, par exemple, le Chancelier Kohl et son parti ont eu quelques ennuis récemment avec ce genre d'histoires... Ca s'est d'ailleurs réglé différemment. En Espagne, le Banesto avait versé 600 millions de pesetas en liquide au parti du centre... Bien... Dans ces conditions, est-il possible et raisonnable d'imaginer que les présidents de ces partis politiques n'aient rien su de ce qui se passait? Est-il raisonnable de penser que les présidents des boites mises en causes comme Vivendi ou Bouyges n'aient rien su de ce qui se passait? Si oui, il faut convenir du fait que tous ces gens là dirigent leurs maisons d'une drôle de façon...
- Les grands cabinets d'audit (ils sont spécialisés dans la fiscalité, à la base) pourraient-ils se pencher sur les comptes des partis et des entreprises en question et regarder si cet argent noir ne peut pas être repéré d'une manière ou d'une autre? Ce serait peut-être plus utile que de pondre des rapports ridicules sur l'avenir du e-commerce.
- Faisons plaisir à Claude Cabanes, l'éditorialiste de l'Humanité... Quel prix devront payer les citoyens, quel prix devra payer la République pour qu'enfin, les hommes politiques prennent en compte le fait qu'ils ont vendu leur âme, et par là même, celle desdits citoyens et de ladite République qu'ils sont sensés représenter? Qu'on ne vienne pas pleurer, comme Jacques Chirac hier sur le fait que ce genre de publication va peser sur le nombre de votants pour le référendum! S'ils veulent que ce genre de publication n'intervienne pas, il faudrait peut-être commencer par ne pas se compromettre dans ce type d'affaires... Non?
- Peut-on concevoir que la politique qui n'est que compromissions (encore plus au niveau local) puisse aboutir à quelque chose de bien propret, sans que personne ne tire tel ou tel avantage par rapport aux autres? Personne (pas nous en tout cas) ne vous demande de condamner le système. Mais au moins, vous pouvez, avec nous, reconnaître qu'il fonctionne comme ça. Et vous, messieurs les politiques, vous devriez également le reconnaître. Cela serait peut-être porté à votre crédit...
- On notera enfin qu'aucune chaîne de télévision n'a souhaité diffuser cette cassette. On comprend aisément pourquoi TF1 a refusé, si le contenu lui a été présenté. On imagine à peu près pourquoi les chaînes publiques n'ont pas donné suite... Mais alors.... Cela veut-il dire que les chaînes de télévision ne sont pas totalement indépendantes? Ciel... Mais alors, il y aurait des sujets tabous, même pour les chantres du grand reportage comme les journalistes de 52 sur la Une, d'Envoyé Spécial, de Zone Interdite et tout ça, tout ça...? Kitetoa tombe de haut...