La guerre de l'information financière

INTRODUCTION

Même si cela peut sembler fastidieux, je vais faire un peu d’histoire… Cela permettra de dresser un décor…

Après avoir remonté le temps, je vais tenter de vous amener au sujet qui m’intéresse aujourd’hui, les risques insoupçonnés d’une présence sur Internet.

Début 1994, alors qu’Internet n’était qu’une lointaine rumeur en France, un groupe de personnes s’est formé et a " échangé " sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication. De quelques dizaines, ce groupe a atteint plusieurs centaines, puis a dépassé largement le millier.

Ces échanges qui portaient sur la transformation probable de la société par l’arrivée du monde en ligne, mais également sur la mutation rapide du métier de banquier avec un consommateur plus averti et disposant d’un large choix grâce à ces technologies, avaient lieu au travers d’un serveur hébergé par la Compagnie Bancaire : le Babillard de l’Atelier.

La plupart des projets qui ont fait ce qu’est Internet en France aujourd’hui sont nés sur ce serveur ou dans les sous-sols de la banque. Qu’on le veuille ou non, que cela plaise ou non, c’est ainsi.

Au fil des années, l’approche du réseau par les banques, notamment françaises, a été mouvante. Pour ne pas dire " opportuniste ". Cette approche est souvent passée d’un désintéressement total à un " activisme " forcené.

L’ouverture a des réseaux comme Internet, qui ne sont pas faits pour réaliser des transactions sécurisées, inquiète, à juste titre, le monde bancaire.

Les banques qui conservent sous une forme électronique la trace des avoirs de leurs clients craignent en effet assez logiquement tout ce qui a trait au piratage informatique. Elles se protègent généralement efficacement. Quoi qu’il en soit, il est rare qu’un acte de piratage lié à une banque soit médiatisé pour des raisons que l’on imagine aisément.

Mais le problème, avec le développement d’Internet, n’est peut-être pas de devoir se protéger contre des attaques physiques. Les données à protéger ne sont peut-être plus les mêmes que par le passé.

Il y a tout juste dix ans, j'entrais au service du  quotidien financier le plus respecté à Paris. J'y ai travaillé à peu près neuf ans comme journaliste. Lors de mon arrivée, il était clair que la macro-économie (celle qui concerne les pays, par opposition à la micro-économie, celle qui concerne les entreprises) influençait les marchés financiers. Pas l'inverse. En d'autres termes, lorsque le gouvernement décidait que le budget serait comme-ci et pas comme ça, les marchés en prenaient  plein les indices, à la hausse ou à la baisse de manière plus ou moins durable. Neuf ans plus tard, lorsque j'ai quitté le journal, la situation était totalement renversée. Les marchés influençaient les politiques économiques des pays. Les gouvernements en étaient réduits à faire du suivisme... Wall Street mène la danse mondiale et les "actionnaires" sont maître des vies des salariés. Les équipes dirigeantes des entreprises ne veulent qu'une chose: la satisfaction des actionnaires. Quel qu'en soit le prix. Bref. Tout cela pour dire que de nos jours, une attaque informationnelle qui viserait à déstabiliser une entreprise en s'intéressant particulièrement à l'image de celle-ci sur les marchés serait terrible (fatale) pour cette entreprise. Quant à une attaque massive contre les marchés cette fois, pourrait rendre les attaquants très riches. Ou simplement les amuser. En attendant, cela gâcherait le petit déjeuner de beaucoup de monde.